Il fut, l'espace de deux albums et d'au moins autant d'années sur la route, un charismatique leader au service de chansons bancales. Désormais seul maître aux commandes, Lewis Evans, né à Liverpool, arrivé à maturité du côté de Caen et aujourd'hui résident permanent dans la capitale, laisse de côté la sauvagerie des Lanskies pour entamer une nouvelle étape discographique, plus pop, plus réfléchie, plus adulte, en quelque sorte. Une transformation nécessaire, mais évidente.

Lewis Evans a deux amours: Brian et Joseph. Il en a sans doute d'autres, mais bien que l'usage de ces deux références puissent évoquer au lecteur une certaine flemmardise (elles sont évidentes), elles n'en restent pas moins réelles. Brian, c'est Wilson, le doux fou qui aura réussi, avec les Beach Boys, à intégrer un peu de cette folie, contenue sur disque mais dangereuse dans le privé, au sein d'un format pop terriblement formaté, sur le papier peu malléable. Joseph, c'est Mount, chanteur et compositeur de Metronomy, qui n'aime rien tant que marier ces mêmes codes pop avec une modernité héritée d'un passé davantage tourné vers les machines et leurs infinies possibilités. Lewis, de même, ne s'interdit rien, vise haut, adopte des poses soul et des collaborateurs FM (Gaëtan Roussel donc, mais également Keren Ann), sans jamais se laisser dévorer par l'ambition, forcément débordante, d'accoucher un peu facilement d'une futilité pour les radios au refrain un brin stupide. Bien que contrairement aux apparences, il ne s'agisse pas nécessairement de la pop song la plus simple à écrire.

Parfois léger ("Hey Girl"), ou plus profond ("Air Marin"), Lewis Evans livre ici un précieux document de son évolution artistique. Une nouvelle étape dans une carrière que l'on espère longue, audacieuse, et digne du charme de cette collection de précieuses chansons.