L'édition 2015 de l'un des meilleurs festivals français approchant (avec Bill Ryder-Jones, Wiullis Earl Beal...), nous avons voulu en apprendre un peu plus auprès de l'un de ses créateurs, Guillaume Benfeghoul.
magazine / clash
Ich bin ein Berliner, par Franz Matthews (Parlez-Vous Anglais ?)
Il a franchi le pas, et vit désormais à Berlin. Lui, c'est Parlez-Vous Anglais ?, et il nous raconte ici cette ville, désormais la sienne, ses espoirs et ses envies. Et non, tout n'était pas mieux avant. C'est même mieux pendant.
03/09/2015 /
Nico Prat
J'écoutais cette chanson en écrivant ce texte.
« Ich bin ein Berliner », c’est avant-tout le mot de passe Wifi que j’ai utilisé en m’installant dans mon premier appart dans le quartier de Neukölln, début 2013.
J’avais déjà vécu ici quelques mois en 2007, et j’en avais eu un goût de trop peu. Ma mère est née en ex-DDR (elle a « fui » a l’Ouest à l’âge de 2 ans, légèrement aidée par ses parents…) et ayant une importante histoire familiale autour du mur, je savais au fond de moi que je retournerais un jour vivre dans cette ville non attirante et pourtant si attirante.
6 ans plus tard, qu’est-ce qui a changé ? Quelques clubs « mythiques » ont fermé, d’autres ont ouvert, certains habitants de Prenzlauer Berg ont vieilli, fait des enfants et le quartier est devenu un carrefour où se croisent brunchs et poussettes, Neukölln est devenu la nouvelle Mecque des artistes, barbus à bonnet et gens branchés, qui ont fait fuir d’autres gens branchés dans d’autres villes moins chères comme Leipzig… Les quartiers de Friedrichshain et Kreuzberg n’ont finalement pas tant changé que ça, les H&M de l’Ouest Berlinois sont toujours la, et puis on continue d’entendre que « Wedding is coming » mais on attend toujours, et c’est peut être mieux que ça reste comme ça.
Bref en 2013 tout le monde dit que Berlin c’était mieux avant. En 2007 aussi, tout le monde disait que Berlin c’était mieux avant. Finalement, peut être que je suis arrivé trop tard. Mais je remarque surtout que le prix d’un Kebab a augmenté d’1€, les bières de 50cts, ça reste toujours bien moins cher qu’une cuite à Paris. Il y a aussi un peu plus de monde dans la ville, mais il y a toujours 40% d’espaces verts et ça laisse largement la place pour qu’on vive tous ensemble dans un joyeux bordel. Bref, Berlin c’est toujours aussi bien maintenant.
Pendant 1 an et demi, j’ai passé mon temps entre Berlin et Paris, toujours déterminé a faire grandir mon bébé Parlez-vous anglais ? qui était en partie resté à Paris avec les amis Franz Jules, Franz Hamz et Franz Lucas. On s’est bien battu et je trouve qu’on tient plutôt bien pour un groupe « en développement » séparé par 1000 km : on a eu le temps de sortir 3 EP (dont le dernier « Good Girls, Bad Boys » qui vient de sortir sur HIFI/LOFI Records), on a fait des concerts plutôt cool des deux côtés du Rhin… mais finalement, ce que je voyais comme une aubaine pour le groupe (de se développer dans deux pays à la fois) est devenu plus une contrainte qu’autre chose : les gens ne comprennent pas forcément d’où on vient, où on va, on nous appelle moins pour faire des dates, tout ça coûte plus cher, financièrement et humainement. Et puis le temps passe, et beaucoup de questions se posent… Mais comme dit Gainsbourg dans Du Jazz Dans le Ravin : ‘la radio, la radio continue d’gueuler’.
Je me rappelle lire un de ces articles où les artistes donnent leurs « tips » aux jeunes pousses et autres lecteurs qui passent par là. En l’occurence, c’était DJ Shadow qui expliquait que la clé pour s’en sortir dans ce monde merveilleux et impitoyable de la musique, c’est de ne pas tout miser sur le même cheval. Et c’est aussi ce que vivre à Berlin m’a appris. On est parti s’installer a Friedrichshain avec ma chère et tendre, j’ai lancé de nouveaux projets à côté de PVA, plus electro / space disco avec les nouveaux titres de mon projet solo qui verront le jour dans les prochains mois. Puis un autre projet electronica-pop-psyché sur lequel on planche avec Ed Bentley, un ami producteur anglais aussi venu tenter sa chance ici. Et enfin un studio d’enregistrement, MOWD, pour pouvoir travailler aussi avec d’autres personnes. Bref, se diversifier, à l’image de Berlin, et pas forcément que dans la Deep House et la Techno, styles si chers à cette ville.
Bref aujourd’hui, Ich bin de plus en plus ein Berliner, de moins en moins ein Parisien (mais toujours Breton!). Est-ce que ça me manque ? La réponse penche largement vers le non, la qualité de vie est bonne ici, le rythme de vie plus cool (parfois trop, il faut savoir terminer ses projets et certains se perdent en route), la ville change, mais on peut encore faire beaucoup de choses avec pas grand chose, faire des rencontres intéressantes, mais surtout, je n’aurais pas pu continuer à vivre de la musique à Paris comme je le fais ici, ça mérite bien quelques regrets en échange. Et c’est vrai que les saucisses et la bière ne remplacent pas toujours la bonne cuisine du pays et les copains qui sont loin.
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Parlez-vous anglais ? -
- EP Good Girls, Bad Boys (en free download) :
www.
- Dernier clip de Parlez-vous anglais ? - Flyin' :
Franz Matthews -
- Dernier DJ Set enregistré @ Base Ment :
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