Ça commence à se faire savoir : la pop française devient vendable. Comme Aline et Lescop, les caennais de Granville ont sorti leur premier album, et apportent la troisième pièce d'un édifice pop qui commence à avoir de la gueule.
magazine / Listomania
5 pistes pour le prochain My Bloody Valentine
La nouvelle est tombée, le prochain album de My Bloody Valentine est presque terminé. On a tiré quelques plans sur la comète pour un sujet d'importance : qu'a-t-il encore sous la semelle, ce bon vieux Kevin Shields ?
12/11/2012 /
Anthony Mansuy
Il s'en est passé des choses, depuis la sortie de Loveless, en 1991. My Bloody Valentine est entré au panthéon et donne des shows de manière épisodique, et à peu près chaque nouveau groupe qui sort du bois range la bande de Kevin Shields & Co au rayon de ses « influences majeures ». Et cette fois-ci, le du shoegaze va enfin voir le jour : le rouquin magnifique la semaine dernière, le prochain album de My Bloody Valentine va sortir d'ici la fin de l'année, et ce sur le site de son leader. Mais à quoi va bien pouvoir ressembler cette Arlésienne de la pop qui fait du bruit ?
#5
S'il fait dans le concept-shoegaze : Ulrich Schnauss
C'est Shields lui même qui l'a raconté au NME : « Certaines personnes trouvent [ce nouvel album] plus bizarre ». Bizarre quoi, Kéké ? Tu peux pas nous laisser comme ça, sur un « bizarre ». Car shoegaze + bizarre = Ulrich Schnauss. Longues plages instrumentales où il ne se passe pas grand chose et où les couches de son se superposent, voix sous une forme de Prozac si puissante qu'elle n'est pas commercialisée : Ulrich n'est pas ce qu'on peut appeler un énervé. Si Kevin Shields a envie de baisser le son et de faire du shoegaze pastoral, ça ressemblera à ça.
#4
S'il veut s'inscrire dans la tendance : Toro y Moi
On le sait, Kevin Shields a produit ou collaboré avec un paquet de monde. Dans sa zone de confort (Primal Scream, Dinosaur Jr) comme en dehors (The Go! Team, Placebo). Chaz Bundick, aka Toro y Moi, est plutôt un stakhanoviste du remix, une sorte de Kevin Shields en noir et en plus jeune, biberonné dans la technologie du troisième millénaire. Il suffit d'écouter son premier album, Causers of This (sorti en 2010, et dont la chanson ci-dessous est tirée) pour se convaincre de ce que notre disco-boy au talent fou doit à My Bloody Valentine.
#3
S'il est devenu suicidaire : A Place To Bury Strangers
C'est ça le souci, quand vous ne donnez (presque) aucun signe de vie pendant vingt ans : on ne sait pas ce qui se passe dans votre tête. Regardez Liam Gallagher, c'est tout juste s'il ne poste pas ses bulletins de santé sur le site du NME. Et si Kevin Shields était devenu atrabilaire, s'il avait perdu toute joie de vivre ? Il nous ferait du A Place To Bury Strangers, chez qui la recette est plutôt simple : envies de suicide + envie de faire du bruit. Il ne lui manque donc qu'un tout petit ingrédient.
#2
S'il veut faire un revirement pop : The Verve
Quand la britpop est arrivée, il ne fallait pas jouer aux cons : le shoegaze n'a pas duré bien longtemps. Chapterhouse, Ride, The Boo Radleys, tout les groupes de la « scène » ont fait leur album britpop. Pareil pour (The) Verve, qui, pour ceux qui ne connaissent que « Bittersweet Symphony », est né de l'envie de Richard Ashcroft de faire un max de bruit bien aidé par des pédales d'effets. Et si MBV s'était si longtemps abstenu pour ne pas subir la même déchéance ?
#1
S'il est nostalgique : My Bloody Valentine, 1988-1991
En vrai, ce qu'on espère secrètement de ce nouvel album, ce n'est pas vraiment qu'il sonne autrement que comme du My Bloody Valentine. Et si on connaît tous Loveless, les premiers EP du groupe (malgré une réédition cette année) restent largement clandestins. Pourtant, « You Made Me Realise », « Slow » et « Thorn », les trois premiers morceaux de la compilation, sont tout à fait uniques et personne n'a atteint de meilleur équilibre entre mélodie et bruit depuis. Le My Bloody Valentine qu'on veut, c'est celui-là : car personne ne le connait.
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