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Mehdi Maïzi: “Le rap, comme l'amour, c'est toujours mieux quand on a quinze ans”

Il est l’une des voix les plus pertinentes quand il s’agit de parler de hip hop aujourd’hui, et ne ménage pas ses efforts pour mettre en avant les artistes qui, selon lui, comptent. Petite interview de Mehdi Maïzi, futur grand.
08/10/2015 / Nico Prat

Il est le rédac’ chef adjoint de l’un des meilleurs sites consacrés au rap, . Il est également présent sur Dailymotion avec , auteur de , et anime désormais le podcast . Mehdi aime Jay Rock, Mac Miller, et il aime en parler. Nous, on aime son travail: sa passion est communicative, le propos toujours juste. Un mec à suivre de très près.


Qui es-tu ?


“Mehdi Maïzi, en relation avec Emma Stone, obsédé par "Obsession" de Brian De Palma et parisien d'adoption depuis 2010”.


Comment a commencé l’Abcdr du son ?


“L'Abcdr a commencé au début du siècle lorsque Nicolas Baltzer, toujours actif sur le site, créait ça un dimanche dans sa chambre d'étudiant. C'était vraiment une époque où les blogs et sites musicaux commençaient à se multiplier en même temps qu'Internet se démocratisait. C'était bien avant que les sites rap jouent un rôle important dans le plan promo des artistes et la démarche était avant tout celle de passionnés”.

 


C'était quoi l'ambition à l'époque ?


“J'ai intégré le site en 2008 seulement mais je ne pense pas trahir les fondateurs en disant que l'ambition était seulement de partager ses coups de coeur, d'écrire modestement sur la musique qui occupait le plus clair de leurs temps. A titre personnel, lorsque j'ai timidement postulé pour intégrer l'Abcdr, la démarche était similaire : je passais mes journées à écouter du rap, je voulais essayer d'apporter ma modeste pierre à l'édifice et j'ai rapidement compris que ça ne serait pas en rappant ou en faisant du son. Très vite, l'envie d'écrire s'est manifestée”.


Ton premier coup de coeur rap ?


“J'ai sept ou huit ans quand Première Consultation de Doc Gynéco sort et je pense que ça doit être le premier disque de rap que j'écoute vraiment. Mais, à l'époque, je n'écoute pas ça parce que j'aime spécifiquement le rap : c'est juste l'album que la France entière écoutait et, même si on ne comprenait pas tout, on arrivait aussi à trouver ça cool à l'époque. Mon vrai premier "choc" arrive quelques années plus tard lorsqu'un pote me fait découvrir "Changes" de Tupac en colonie de vacances. C'est vraiment à ce”.


Rap et télé, on le sait c'est compliqué. pourquoi selon toi ?


“Je pense que la raison est très simple : il y a encore une grande méconnaissance du rap dans la plupart des médias généralistes, pas uniquement à la télévision. C'est parfois hallucinant d'observer le décalage entre la réalité du rap et la manière dont certains "journalistes culturels" la perçoivent. D'un côté, on a une musique omniprésente qui vend énormément de disques et qui possède un vrai pouvoir d'influence (l'exemple du lancement d'Apple Music qui conviait une majorité de rappeurs parmi les artistes invités est assez criant) et, de l'autre, on a des médias encore puissants qui la regardent encore comme une curiosité. Je pense, malgré tout, qu'il faut regarder le verre à moitié plein et qu'on est en train de voir arriver une nouvelle génération de journalistes qui a grandi avec cette musique et qui ne se sentira pas obligé de faire plein de gestes embarrassants lorsqu'ils recevront un rappeur sur leur plateau”.

 


Tu écoutes quoi en ce moment ?


“Mac Miller -

Jay Rock - 90059

Gucci Mane -

”.


Qui définit le rap de 2015 pour toi ?


“Kendrick Lamar, Future, Young Thug et Drake. Ce sont, à mon avis et à des degrés différents, les artistes les plus influents aujourd'hui”.


Au final, le rap, c'était mieux avant ?


“Le rap, comme l'amour, l'amitié et la période juillet/août, c'est toujours mieux quand on a quinze ans plutôt que trente. Tout simplement parce qu'on y est plus naïf et plus facilement impressionnable. En réalité, le rap n'arrête pas de se réinventer, c'est la raison pour laquelle cette musique se porte aussi bien en 2015”.

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