magazine / interview

Algiers: “Tu apprends à accepter les petites choses qui ne sont pas parfaites”

Comment ne pas être soufflé, dès les premières notes, pas la puissance du brûlot Algiers ? Groupe important en devenir, le trio est de loin l’une des révélations de 2015. Oui. Déjà.
09/06/2015 / Nico Prat

Franklin James Fisher (chant), Ryan Mahan (basse) et Lee Tesche (guitare) sont les heureux parrents d’un joli bébé. Un bébé qui n’aime rien tant que cogner, crier, frapper (le trio se partage d’ailleurs les percussions).

 

Entre punk et gospel, entre incandescence et obscurité, la musique d’Agiers est une musique vitale, une musique qui éveille les sens.

 


Mahan et Tesche vivent à Londres, et Fisher, à New York, après un passage en France. Ils se sont réunis pour enregistrer leur premier album, mais continuent de travailler à distance. Ce qui ne les empêche pas de parler d’une seule voix.


“Je n’ai plus le sentiment que les radios américaines fassent vraiment le boulot, alors qu’en Angleterre, il se passe beaucoup de belles choses dans ce domaine, comme par exemple du côté de BBC 6 Music”.


Et la France n’a pas vraiment de stars de la radio, en matière de musique, comme en Angleterre, avec Zane Lowe par exemple.


“Mais vous avez des stars de la télévision ?”


Oui, ça on a.


“En Angleterre, on dirait qu’on a des gens sans autre talent que de celui de montrer leur tête à la télé. Ils ne racontent rien, ne sont pas intéressantes, mais sont tout le temps sur le petit écran. C’est assez fascinant quand on y pense”.


Oui, ça aussi on a. Bon, parlons de vous. Vous gérez ce qu’il vous arrive ?


“Tu peux penser que tout nous arrive du jour au lendemain, mais nous n’avons pas ce sentiment. Après tout, on bosse ensemble depuis quatre ou cinq années maintenant. Les choses prenaient du temps, car nous ne vivions pas dans le même pays, et aussi parce que nous aimons réfléchir, ne pas précipiter les choses, que ce soit en groupe ou quand nous travaillons dans notre coin. Notre son s’est aussi développé comme ça. Mais oui, il est vrai que depuis quelques semaines, tout s’accélère, avec la sortie de l’album. Mais ce n’est pas quelque chose que tu peux gérer, ça ne dépend pas de toi”.

 

Vous partagez la même vision de Algiers ?

 

“Nous sommes tous bons pour parler de concept, et ce groupe est un projet réfléchi dans son ensemble, jusqu’au nom du groupe, qui n’est clairement pas choisi au hasard. Si nous étions amenés à parler de production, là, oui, peut-être que nous aurions des points de vue et des discussions différentes. Mais c’est la seule chose sur laquelle nous avons, peut-être, des points de vue différents. Mais forcément, tout dépend jusqu’où tu vas. Si tu nous demandes pourquoi cette ligne de basse est là et pas ailleurs, c’est sans doute pour une question de feeling, pas de quoi analyser tout ça pendant des heures”.


 

“Quand j’écoute l’album, j’en suis fier. C’est un truc sorti de nos têtes et qui a aujourd’hui une existence propre. Oui, évidemment, juste après avoir terminé l’enregistrement, il nous a fallu quelques mois avant de jeter une oreille dessus de nouveau. Puis, nous l’avons réécouté. Et c’était intéressant. Mais de toute évidence, notre relation avec cet album est complexe. Car tu ne termines jamais un disque, tu le laisses tomber en quelque sorte. Et tu commences à penser à la suite. Et en même temps, en temps que musicien, tu apprends à accepter les erreurs, les petites choses qui ne sont pas parfaites. Tout art implique un peu de bordel, cela fait partie du processus créatif”.

 

Tags:


algiers
  • 01/07/2015
    La Route du Rock: "Regarder en arrière, ce n'est pas...

Dans le même style

  • La Route du Rock: "Regarder en arrière, ce n'est pas le...
  • Gry Bagøien, égérie discrète
  • Albert Hammond Jr.: “Une fois que tu maîtrises ton art, tu commences...
  • Ratatat: "Nos vies ne sont vraiment pas intéressantes"
  • Les 5 chansons de ma vie: Archipel

magazine

Rock En Seine 2015: Cinq artistes à découvrir

Rock En Seine 2015: Kasabian, Libertines, Chemical Brothers, Tame Impala... Mais le festival du Domaine de Saint Cloud, c'est bien plus que de grands noms. La preuve avec cinq découvertes, cinq noms à retenir, et à voir sur scène fin août.

14Jul2015
Cabourg Mon Amour: nos chouchous de l'édition 2015

Troisième édition pour le festival les pieds dans l'eau, et encore une fois, un sans faute au niveau de la programmation. On sélectionne nos favoris, parce que oui, nous en avons. Quatre.

13Jul2015
La Route du Rock: "Regarder en arrière, ce n'est pas le genre de la maison"

Putain, 25 ans !! Cette année, la Route du Rock fêtera donc son quart de siècle. L’occasion de revenir sur une folle aventure, avec François Floret, directeur général du festival, et Alban Coutoux, programmateur.

01Jul2015